Zéro émission et, bientôt, zéro équipage : le premier cargo 100 % électrique et autonome au monde a été mis à l’eau ce vendredi, en Norvège. En convoyant par la mer jusqu’à 120 conteneurs d’engrais depuis une usine de Porsgrunn (sud-est) vers le port de Brevik, situé à une dizaine de kilomètres de là, le « Yara Birkeland » évitera ainsi près de 40 000 trajets polluants en camion par an, soit une économie de 678 tonnes de CO2.
D’une longueur de 80 mètres avec une capacité de transport de 3 200 tonnes de marchandises, le Yara Birkeland va débuter une campagne d’essai de deux ans pour apprendre progressivement à se passer de l’équipage. A bord, la traditionnelle salle des machines a été remplacée par huit compartiments tapissés de batteries qui donnent au navire une capacité de 6,8 MWh. « L’équivalent de cent Tesla », relève Jostein Braaten, chef de projet chez Yara. « Beaucoup d’incidents qui se produisent sur des navires sont dus à des erreurs humaines, à cause de la fatigue par exemple. Les opérations autonomes garantissent de voyager en sécurité », assure-t-il encore. En revanche, le tout premier cargo autonome ne parcourra pas de longues distances : il assurera quotidiennement son trajet de 7,5 milles nautiques pour rallier des usines côtières de la région.
Pour Tuva Flagstad-Andersen, directrice régionale de l’organisme de certification maritime, la généralisation du 100 % électrique en mer sur de petits trajets est d’ailleurs essentielle. « C’est très important, cela permet de délivrer des biens terrestres par la mer et donc de réduire énormément les émissions de CO2 », décrypte-t-elle. Mais c’est une autre paire de manches pour les échanges commerciaux sur de très longues distances, où le 100 % électrique reste peu adapté. Les navires transocéaniques devront, eux, pour se verdir, compter davantage sur d’autres solutions technologiques comme l’e-méthanol ou l’hydrogène.
Responsable de près de 3 % du total des émissions d’origine humaine, le secteur maritime mondial, toutes activités confondues, a augmenté ses émissions en l’espace de six ans. Selon les derniers chiffres disponibles de l’Organisation maritime internationale (OMI), elles sont passées de 962 millions de tonnes de gaz à effet de serre en 2012, à plus de 1 milliard de tonnes en 2018.